Comores : Le pays bascule encore dans la violence post-électorale

Des manifestations post-électorales ont éclaté dans la capitale des Comores après la proclamation de la victoire du président sortant Azali Assoumnani. Plusieurs incidents ont été signalés lundi sur les îles comoriennes d’Anjouan, fief de l’opposition, et Mohéli, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle dans l’archipel de l’océan Indien, qui oppose le président sortant Azali Assoumani, donné favori, à cinq autres candidats.

Vote retardé, matériel électoral manquant dans des zones traditionnellement critiques du chef de l’État qui tient le pays d’une main de fer, assesseurs empêchés d’observer le scrutin ; et l’opposition a dénoncé dès dimanche de nombreuses irrégularités.

Vives tensions dans le pays
Dans la capitale de Moroni et ses banlieues proches, une vague de violences post-électorales a éclaté. De nombreux jeunes sillonnent la ville, érigeant des barricades, brûlant des pneus, des barils et bloquant des routes. Un incident majeur a été rapporté dans la journée d’hier. Il s’agit d’un dépôt de la société d’État Onicor, spécialisée dans l’importation du riz, pillé par des manifestants. Des images montrent des personnes emportant des sacs de riz sur la tête.

Les rues de Moroni sont le théâtre de heurts violents entre les forces de l’ordre et des milliers de manifestants en colère. Cette élection du président, dont on devrait annoncer le résultat cette semaine, et des gouverneurs des trois îles de l’archipel de 870.000 habitants (Grande-Comores, Anjouan et Mohéli), est entachée de « fraude électorale » mais aussi de « bourrages d’urnes », ont-ils protesté.

La tension est palpable dans les rues, en particulier dans les quartiers nord vers le quartier de la Coulée. Sur place, la situation est chaotique.
« Personne ne peut nous impressionner, aujourd’hui c’est notre pays à tous », a déclaré un manifestant. Autour de lui, les décombres témoignent de l’intensité des manifestations : pneus enflammés jonchant le sol, routes bloquées sur de longues distances, et une jeunesse visiblement surexcitée.
Le commissariat central de la police nationale a été attaqué par les manifestants, entraînant la fuite de plusieurs policiers. Trois d’entre eux ont été blessés, dont un grièvement, lors de ces affrontements.

Des véhicules de service ont été brulés
Sur la Route nationale 1 menant au siège de la Fédération de Football, des manifestants ont barricadé la voie, ajoutant à la tension déjà palpable. Au nord de Moroni, la crise post-électorale s’est intensifiée avec des émeutiers incendient des voitures du ministère détruits dans la cour du commissariat, reflétant l’intensité des troubles.

La situation est chaotique à Moroni, avec des tirs de gaz lacrymogène retentissant dans l’air. La ville semble assiégée, les magasins, les administrations et les écoles étant fermés. Des affrontements sporadiques entre gendarmes et manifestants ont émaillé la matinée, tandis que certaines routes étaient barrées par des pierres et des pneus.
Des véhicules ministériels ont été incendiés, contribuant à une atmosphère irrespirable, mêlant le gaz lacrymogène des forces de l’ordre aux fumées des barricades.

Par ailleurs, plusieurs personnes ont été arrêtées, bien que leurs identités et leur nombre restent inconnus.

La contestation ne se limite pas à la capitale, des routes barrées signalées dans diverses régions de Ngazidja témoignent d’un embrasement généralisé. L’absence de mots d’ordre de manifestation de la part des candidats et des leaders politiques nationaux souligne la spontanéité de cette réaction populaire.

La situation s’aggrave à Moroni
La situation se détériore rapidement à Moroni, où le ministère de l’Aménagement du territoire a subi une attaque violente, entraînant un incendie. Cinq voitures ont été incendiées dans cette vague de violence qui semble s’étendre à d’autres Zones de la ville. Ces événements interviennent dans un contexte de frustration croissante parmi la jeunesse, longtemps passive mais aujourd’hui en colère.

Révolte sur internet
La jeunesse de Moroni utilise Internet pour exprimer son mécontentement et partager des vidéos des zones de violence. Cette révolte numérique traduit un ras-le-bol général après les résultats controversés annoncés hier par la CENI, perçus comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Avec un taux de participation historiquement bas de 16%, les accusations de fraudes électorales de l’opposition prennent une dimension crédible. La question que se pose maintenant est de savoir si ces tensions conduiront à un embrasement généralisé dans les jours à venir.

Le crédit de l’Union africaine piétiné
Où est donc cette présidence de l’UA dont les africains, en général, et Comoriens, en particulier, devraient être fiers ? Elle est introuvable. Où sont donc ceux qui clamaient haut et fort que la présidence comorienne de l’union africaine (UA) devait être une fierté pour tous (Comoriens) et que « c’est le pays qui gagne » ? Mais aujourd’hui, en quoi cette présidence tant célébrée nous est-elle utile, alors que le peuple humilié et réduit à moins que rien sur notre propre territoire ?

Les Comores occupent actuellement la présidence de l’UA, mais cette position semble impuissante face à la situation critique des compatriotes pourchassés à Mayotte et aux conséquences qui en découlent.

C’est d’ailleurs à ce titre que le Colonel Azali ASSOUMNANI, président en exercice de l’Union africaine s’était érigé en donneur de leçons à certains pays dits de ’’Coup d’État’’, notamment le Mali et le Burkina-Faso.

En juillet 2023, tous les observateurs se rappellent du comportement peu respectueux du président de l’Archipel en marge du Sommet-Russie à Saint-Pétersbourg.

Alors que tous les participants étaient invités aux côtés du président Russe, Vladimir POUTINE, l’hôte de la rencontre pour une photo de famille, le Colonel Azali ASSOUMNANI avait refusé de se joindre aux autres invités pour, dit-il, protester contre la présence des Chefs d’État issus de coup d’État, notamment le Colonel Assimi GOITA (Mali) et le capitaine Ibrahim TRAORE (Burkina Faso).
Après cette sortie ratée qui avait provoqué une vague d’indignation sur le continent, le Colonel Azali ASSOUMNANI vient d’être rattrapé par son passé.

Celui d’un dictateur qui ne respecte pas son peuple et qui est prêt à massacrer ses concitoyens pour rester au pouvoir.
Et puis le scrutin présidentiel du 14 janvier dernier, l’homme vient de montrer son vrai visage en procédant à la répression dans le sang des manifestants qui protestent contre la fraude électorale dans son pays.

Ainsi, l’UA pourrait se saisir de cette question et démontrer à l’Afrique et au monde des questions de droit de l’homme et démocratie sont régies par des principes immuables au sein de l’organisation, au risque de perdre son crédit, s’il en reste encore.
De plus, cette présidence par certains dirigeants peu recommandables comme le Colonel Azali ASSOUMNANI ne semble pas capable de protéger l’image de l’UA insultée dans les médias sur le continent.

Appel au soutien de Me Saïd LARIFOU
C’est dans ce contexte de tentative de coup d’État électoral que Me Saïd LARIFOU, leader du RIDJA PACTEF, fait appel aux forces vives Africaines pour soutenir l’engagement et le combat mené par le peuple comorien pour sa dignité.

Selon lui, il est établi par les résultats des urnes que le Président Candidat Azali Assoumani a été battu et que les candidats de l’opposition ont remporté ces élections et que nous tenons à la disposition de la presse internationale les preuves de son échec et des manœuvres frauduleuses commises par lui pour compromettre le processus électoral en cours.

«Dans ce contexte de désordre institutionnel, d’anarchie, il est hypothétique de croire, de penser, et d’attendre à ce que les institutions tranchent en faveur du droit et du respect du choix du peuple du comorien », a déclaré l’avocat de Ousmane SONKO, Me Saïd LARIFOU.
Par Abdoulaye OUATTARA

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