Le Mali est pris dans une spirale de violences turbulentes depuis que des groupes extrémistes armés se sont multipliés dans le nord du pays en 2012, stimulés par l’instabilité de l’Algérie voisine et la mauvaise gouvernance au Mali. Une intervention militaire in extremis de la France et d’une coalition africaine a permis de faire face à la menace avec l’opération Serval en 2014, mais son successeur, l’opération Barkhane, n’a pas réussi à maintenir la paix dans le pays.
Dans cette lutte contre le terrorisme islamiste, qui tire sa force de la pauvreté et du manque de contrôle de l’État dans un pays de 1 240 192 km2 essentiellement désertique, le gouvernement de transition a cessé de compter sur la France pour se tourner de plus en plus vers la Russie pour les besoins de sécurité. La Russie a exploité l’impopularité croissante de l’ancienne puissance coloniale française pour pénétrer stratégiquement dans un Sahel essentiel pour la sécurité de l’Afrique du Nord et de l’Europe, en faisant une percée sur le flanc sud par le biais de sa filiale Wagner.
Selon le colonel Sadio Camara, ces livraisons d’aéronefs, d’armes et munitions sont le fruit d’un contrat signé en décembre 2020 et entré en vigueur en juin 2021. « L’extrême rapidité de l’exécution de ce contrat montre la fiabilité et le sérieux de ce partenaire qui nous a toujours donné satisfaction dans le cadre d’échanges gagnant-gagnant », a souligné le ministre.
Signalons que cette livraison intervient à un moment de grande tension avec la France, ex-puissance coloniale et partenaire historique. Comme de nombreux pays africains et européens, Paris s’inquiète d’un possible recours du Mali aux paramilitaires du groupe privé russe Wagner. La société privée russe, qui propose des services de sécurité, n’est pas officiellement reconnue par Moscou.
Si l’homme fort du régime militaire, le colonel Assimi Goïta n’a jamais indiqué l’origine des acquisitions d’armes et les hélicoptères, lors des cérémonies de réception sur le tarmac de l’aéroport international Président Modibo Kéita de Bamako, le ministre de la défense, le colonel Sadio Camara a toujours vanté le « partenariat gagnant-gagnant avec la fédération de Russie ».
Selon les autorités de transition, de nombreux instructeurs russes sont aussi sur place, notamment sur la base de Tombouctou abandonnée par les forces françaises. Il fallait prendre des mesures appropriées contre cette guerre imposées par des groupes armés qui pullulent dans le pays depuis une dizaine d’années.
C’est pourquoi le pouvoir transitoire qui dirige le Mali depuis le dernier coup d’État de 2021 a pris des mesures adéquates pour renforcer progressivement ses relations avec la Russie, tandis que les forces françaises quittent le pays et que sa diplomatie perd pied en Afrique. Ces livraisons d’armes et d’aéronefs ont « renforcé les capacités de frappe de nos forces armées », a poursuivi le ministre de la défense.
Moribafing Camara (Tamani Info)