La guerre au Soudan alimente une urgence humanitaire aux proportions épiques. Ce conflit viral et la faim, la maladie et les déplacements qu’il entraîne menace désormais de consumer le pays tout entier.
Les combats intenses qui ravagent la capitale Khartoum et le Darfour depuis la mi-avril se sont étendus au Kordofan. À Kadugli, la capitale du Kordofan méridional, les stocks alimentaires ont été entièrement épuisés, car les affrontements et les barrages routiers empêchent les travailleurs humanitaires d’atteindre les affamés. À El Fula, la capitale du Kordofan occidental, les bureaux humanitaires ont été saccagés et les fournitures pillées. Je suis également extrêmement inquiet pour la sécurité des civils dans l’État d’Al Jazira, alors que le conflit se rapproche du grenier du Soudan.
Plus les combats se prolongent, plus leurs effets sont dévastateurs. Certains endroits manquent déjà de nourriture. Des centaines de milliers d’enfants souffrent de malnutrition sévère et courent un risque imminent de mort s’ils ne sont pas traités.
Les maladies à transmission vectorielle se propagent, posant un risque mortel, notamment pour ceux qui sont déjà affaiblis par la malnutrition. Des cas de rougeole, de paludisme, de coqueluche, de dengue et de diarrhée aqueuse aiguë sont signalés dans tout le pays. La plupart des gens n’ont pas accès aux soins médicaux. Le conflit a décimé le secteur des soins de santé, la plupart des hôpitaux étant hors service.
Des millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Soudan. Près d’un million d’autres personnes ont fui ses frontières. Alors que de plus en plus de réfugiés arrivent dans les pays voisins, les communautés d’accueil sont en difficulté. Un conflit prolongé au Soudan pourrait plonger la région entière dans une catastrophe humanitaire.
Un long conflit entraînera presque certainement la perte d’une génération d’enfants, car des millions de personnes ne pourront pas accéder à l’éducation, subiront des traumatismes et porteront les cicatrices physiques et psychologiques de la guerre. Les informations selon lesquelles certains enfants au Soudan sont utilisés dans les combats sont profondément inquiétantes.
Il est grand temps pour tous ceux qui combattent dans ce conflit de placer le peuple soudanais au-dessus de la quête du pouvoir ou des ressources. L’humanité doit prévaloir. Les civils ont besoin d’une aide vitale dès maintenant ; les humanitaires ont besoin d’un accès et de financements pour y parvenir. La communauté internationale doit réagir avec toute l’urgence que mérite cette crise.
OCHA