Mamadou Sow, le président de la Maison des artisans de Bamako: « Nous demandons à l’Etat de reconsidérer la Maison des artisans de Bamako »

Le secteur de l’artisanat malien se meurt à petit feu des effets de la crise sécuritaire que travers le pays. Depuis le début de la crise sécuritaire en 2012, les artisans du Mali font face à de nombreuses difficultés, notamment : arrêt de la destination Mali par les touristes, le manque d’accompagnement des autorités. Dans un entretien le président de la Maison des artisans de Bamako, Mamadou Sow, nous parle des difficultés auxquelles lui et ses camarades souffrent. Mamadou Sow est un bijoutier, il est à la tête de la Maison des artisans de Bamako, depuis un an. Lisez !
La tribune du Continent :

Pouvez-vous nous présenter la maison des artisans, ses missions et objectifs ?

Mamadou Sow:
La Maison des artisans du Mali remonte de 1933 sous le nom de l’école artisanale du soudan. Cette école avait comme objectifs la formation des artisans soudanais. En 1948 l’école prend le nom de la maison des artisans du soudan et ayant toujours les même objectifs. Ainsi après l’indépendance, avec la loi n°63-98/ANRM du 30 décembre 1963 la maison changea de nom pour être l’institut national des arts ou L’INA. La loi n°86-93/ANRM du 20 juillet 1986 porte la création de la maison des artisans du Mali, différente de l’Institut National des Arts une école d’art.

Initialement rénover pour contenir 534 artisans en 1994, actuellement elle compte plus de 1250 personnes soit une moyenne de 14 artisans par souk composé de chef d’atelier, assistant, compagnon et apprentis.

La Maison des Artisans de Bamako a une triple mission : Organiser les artisans pour une production compétitive et l’écoulement des produits ; Stimuler la création, l’apprentissage, la formation et le développement économique ; Assurer la formation et le perfectionnement des artisans et Opérateurs Culturels.

Elle regroupe toutes les réalisations en fonction de leur provenance et est très visité par les touristes. Que ce soit statuettes, masques, gris-gris, instruments de musique, sandales ou bijoux, l’artisanat malien a connu un véritable regain de popularité grâce à son originalité, à sa valorisation et à sa qualité. Ainsi, l’artisanat malien orne des résidences dans le monde entier et paraît lors de défilés de mode de grands créateurs.

Dites-nous les difficultés auxquelles la maison des artisans est confrontée ?

Nous avons trouvé des énormes difficultés au niveau de Maison des artisans de Bamako. Depuis le déclenchement de la crise sécuritaire de 2012, nous sommes confrontés à des nombreuses difficultés. Ici nous avons plusieurs corps de métiers. Il n’y a pas que des bijoutiers, il y a aussi des cordonniers, les sculpteurs des statuts et tant d’autres. Les sculpteurs de statuts sont les plus touchés par la crise. Depuis le début de la crise ils n’ont pratiquement plus de marchés.

Au Mali, nos produits ne sont pas consommés par la population locale, seuls les produits des bijoutiers sont un peu consommés. Ce sont les femmes qui achètent nos bijoux à l’occasion de la célébration des mariages et autres fêtes. C’est pourquoi les bijoutiers, n’ont pas sentis trop les difficultés comme les autres corps de métiers au niveau de la Maison des artisans de Bamako.

Quelles sont vos relations avec les autorités actuelles ?

A notre arrivé, nous avons été reçus par le Ministre de l’Artisanat. Nous avons échangé sur beaucoup de choses avec lui. Malheureusement lors du dernier Salon international de l’artisanat, nous avons cherché à rencontrer le ministre sans succès. Son cabinet a mis pied la dessus. Il faut reconnaitre que c’est ici, la grande Maison des artisans du Mali, c’est la plus vieille maison parmi toutes les maisons des artisans du pays. Organiser un événement concernant l’artisanat du Mali sans la Maison des artisans de Bamako, c’est impossible. Le CNAM, APCNAM sont tous été créés ici, à la Maison des artisans du Mali. La Maison des artisans de Bamako est écartée par ces derniers. Nous demandons à l’Etat de reconsidérer la Maison des artisans de Bamako.

Selon le Président de la Transition le Colonel Assimi Goita, s’il échoue c’est toute la jeunesse malienne qui a échoué. Alors qu’il comprenne que nous sommes aussi jeunes que lui. Donc, qu’il pense aux jeunes qui travaillent dans l’artisanat. Il faut que le Président s’implique directement pour la promotion du secteur de l’artisanat au Mali. Tous les Présidents du Mali ont été reçus une fois dans notre bureau, le bureau des artisans du Mali. Nous espérons qu’un jour le Président de la Transition le Colonel Assimi Goita va passer nous voir dans le même bureau.

Quand nous prenons le domaine de la culture par exemple, ce domaine est presque mort. Si nos artistes tombent malade il faut le téléthon pour pouvoir les soignés c’est très honteux. Il faut que cela cesse. Que l’Etat fasse tout pour recouvrir leurs droits. Ces artistes ont tout fait pour le pays, beaucoup n’ont pas été reconnus par l’Etat à travers des distinctions. Par contre, d’autres n’ont pas assez fait pour l’Etat, mais ils ont tous eu venant de l’Etat, c’est injuste. Que l’Etat veille sur le développement de la culture malienne.

Nous voyons que notre département travaille beaucoup pour la promotion du tourisme et il est temps qu’il fasse la même pour la promotion de l’artisanat et de la culture. Nous sommes aujourd’hui plus 1000 personnes au niveau de Maison des artisans de Bamako. Dans un centre de métier ou on peut trouver 1000 personnes ce n’est un petit centre.

La maison d’artisans bénéficie -t- elle des formations ?

Nous sommes en difficulté de formation. Ce dernier temps, le Maroc nous a octroyée de bourses de formation sur l’artisanat. Mais les billets allés et retours étaient à notre charge. Nous avons écrit certains départements ministériels pour chercher de l’aide, nous n’avons pas eu de suite favorable. C’est grâce à Fatoumata Batouly Niane que nos jeunes ont participé à la formation au Maroc. Ils étaient trois jeunes à aller suivre cette formation au Maroc. C’est l’Etat qui doit faire cela pour sa jeunesse. Si l’Etat n’arrive pas, et quelqu’un d’autre le fait nous ne pouvons que saluer ce dernier.

Quel appel avez-vous à lancer aux maliens ?

Nous appelons tous les maliens qui ne connaissent pas la Maison des artisans de venir pour qu’on puisse surmonter les difficultés ensemble.

Entretien réalisé par Jean Joseph Konaté

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