Dans le cadre du programme de la célébration le 5 Juillet prochain du 60ème anniversaire de son accession à l’indépendance et le recouvrement de sa souveraineté, refermant ainsi, grâce à une guerre de libération glorieuse, une parenthèse douloureuse de 132 années d’occupation et d’oppression colonialiste du géant Algérie. L’Ambassade d’Algérie au Mali a coorganisé avec l’ONG SAVAMA-DCI de Tombouctou une table ronde consacré à la vie et l’œuvre d’un homme de savoir Abdelkrim Al Maghili, un grand érudit originaire de la ville de Tlemcen en Algérie, c’était ce samedi 25 juin 2022 au Mémorial Modibo Keita.
Cette table ronde consacré Abdelkrim Al Maghili sur sa vie et son œuvre d’homme de savoir, c’est aussi entretenir de solides relations de bon voisinage, d’amitié, de solidarité et de coopération entre le Mali et l’Algérie. Comme pour rappeler que le Mali a accueilli sur son territoire la 6ème wilaya (région) militaire de l’Algérie combattante pour sa liberté, mais aussi qu’il a été parmi les premiers pays à reconnaitre le Gouvernement Provisoire de la République algérienne en exil et à accréditer un ambassadeur de ce GPRA.
Abdelkrim Al Maghili, un grand érudit originaire de la ville de Tlemcen en Algérie qui a été et reste un puissant trait d’union entre l’Algérie et toute l’Afrique de l’Ouest. Il a vécu au quinzième siècle, l’homme est reconnu d’avoir beaucoup voyagé, écrit et enseigné dans différentes parties l’Afrique de l’Ouest ainsi que dans les villes de Gao et Tombouctou. C’est du Touat au sud de l’Algérie que Mohamed Abdelkarim Al-Maghili entreprit dès 1490 ses voyages africains, séjournant dans plusieurs villes du bilad Al Sudan où il dispensa des cours, rendra des consultations juridiques, rencontra de nombreux souverains tant dans l’Air que dans les cités haussa en passant par l’empire Songhaï de l’Askia Mohammed lui-même, auquel il dispensa d’ailleurs un enseignement islamique. Très sollicité, il rédigea à Kano, à la demande du prince, un texte sur le mal et le bien, document qui s’est imposé, selon les spécialistes, comme un véritable manuel destiné aux responsables politiques. Al-Maghili quitta les villes-Etats haussa à la fin du XVème siècle pour l’empire songhai où, à la demande de l’Askia Mohammed, il rédigea une épitre intitulée « Taj al din fima yajib ala l-mulk (tradiuit en 1931 sous le titre d’obligation du prince).
Ce texte porte sur les huit exigences du pouvoir. Un de ses disciples, le Cheikh Osman dan Fodio, dont le nom et les écrits reviendront beaucoup lorsqu’on parle d’El-Maghili, s’en inspirera, en plus d’autres sources, et développera longuement ces obligations, lesquelles tendent toutes vers la formulation et le respect de principes qui restent aujourd’hui d’une grande pertinence et que l’on retrouvera, de nos jours, sous le vocable de la bonne gouvernance. Selon les spécialistes, vingt-six titres largement connus dans l’ouest africain sont attribués à Abdelkrim al Maghrili.
El-Haoues Riache Ambassadeur d’Algérie au Mali, cette table ronde organisé avec l’ONG SAVAMA-DCI de Tombouctou, est l’occasion pour remercier le président M Abdelkader Haidara pour l’intérêt qu’il a immédiatement porté à cette initiative et pour sa précieuse contribution à sa réalisation. « Qu’il me permette de dire que son ONG est un temple de la mémoire écrite de cette partie du continent africain. Ce sont des centaines de milliers de manuscrits qu’elle garde et préserve jalousement dans des conditions souvent difficiles et avec des moyens limités. C’est le lieu ici de rendre un vibrant hommage aux hommes et aux femmes qui l’animent et de leur exprimer notre soutien dans la poursuite de cette noble mission qui interpelle, en fait, l’ensemble de la communauté internationale, et non pas seulement les Maliens et le Mali. Pour sa part, mon pays se propose d’engager avec le Mali une coopération diversifiée en matière de préservation des manuscrits. Les centaines de milliers de manuscrits gardés consciencieusement par l’ONG SAVAMA-DCI, ainsi que par l’Institut Ahmed Baba, par les archives nationales maliennes et ou encore dans les bibliothèques privées des de la région de Tombouctou, et certainement au-delà, il y a aussi des milliers d’érudits comme Al-Maghili dont les travaux ne demandent qu’à être visités et exploités pour le bien commun. Exploiter ces manuscrits, c’est aussi reconnaitre aux Africains leur grand apport écrit, et non seulement oral comme on a tendance à le penser, à l’épanouissement de la civilisation humaine. » Raconte SEM l’Ambassadeur.
Bokoum Abdoul Momini