Depuis le 10 juillet dernier, 49 soldats ivoiriens supposés être des éléments nationaux de soutien au contingent allemand, ont été arrêtés par les autorités maliennes à l’aéroport international président Modibo Keïta de Bamako. Présentés comme des mercenaires, ces militaires contre lesquels la justice malienne a ouvert une procédure d’information judiciaire, sont poursuivis pour des faits touchant entre autres, à la sécurité nationale et à la sureté extérieure de l’Etat. La tension monte entre les deux pays voisins. Aujourd’hui, cette affaire des 49 militaires ivoiriens (actuellement 46 après la libération des trois femmes) prend une nouvelle tournure. La vitesse à laquelle les choses se précipitent, pour un observateur bien avisé, il faut craindre une escalade entre ces nations sœurs, ne profitera à aucune d’elle.
La gestion de cette affaire est devenue une épine dans les pieds des autorités maliennes et celles des autorités ivoiriennes. Arrêtés à Bamako, il y a plus deux mois, les 49 soldats parmi lesquels trois ont été libérées pour des raisons humanitaires après médiation togolaise, sont inculpés pour des faits graves.
Cette libération avait donné espoir aux deux peuples de voir, dans les jours à venir, la libération des 46 autres détenus jusqu’à présent par les autorités maliennes. Cependant, les récentes déclarations des deux côtés montrent à suffisance la montée de la tension.
Dans un communiqué publié le 14 septembre 2022, le conseil national de la sécurité de la Côte d’Ivoire, en réunion extraordinaire, a qualifié la demande de contrepartie des autorités de la transitions maliennes de « chantage et exige libération sans délai des 46 militaires détenus au Mali ».
La partie ivoirienne a par ailleurs annoncé la saisie la commission de la CEDEAO en vue de la tenue d’une réunion extraordinaire des chefs d’États et de gouvernements pour examiner la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali, afin d’aboutir à la libération de ces soldats, dans les plus brefs délais.
Le gouvernement de la transition malienne, de son côté, a haussé le ton dans un communiqué lu sur la chaîne nationale qualifiant ces propos du CNS ivoirien d’un « revirement grave de la part d’autorités étatiques ne visant qu’à manipuler et à entraver la manifestation de la vérité ». Et d’ajouter : « Animé d’une volonté d’adversité, le gouvernement ivoirien accuse le Mali d’avoir pris en otages les militaires ivoiriens, en faisant fi des conditions obscures et des manquements ayant entraîné l’inculpation par la justice malienne des 49 mercenaires ivoiriens ». Toutefois, le communiqué indique que « le Mali a bien voulu accompagner les efforts de médiation de la République Togolaise, unique cadre de règlement du dossier des 49 mercenaires ivoiriens ». En outre, le gouvernement de la transition malienne ne se sent pas concerné par la volonté des autorités de la Côte d’Ivoire de saisir la CEDEAO : « A la décision du gouvernement ivoirien d’avoir transformé un dossier judiciaire en une crise diplomatique et par conséquent, de saisir la CEDEAO ». Le gouvernement de la transition souligne qu’il n’est nullement concerné par cette procédure devant l’instance communautaire. Aussi, il indique à la CEDEAO que « l’affaire des 49 mercenaires ivoiriens est purement judiciaire et bilatérale, il met en garde contre toute instrumentalisation de la CEDEAO par les autorités ivoiriennes pour se soustraire de leur responsabilité vis – à – vis du Mali ».
Au regard de ces différents communiqués, on peut dire sans se tromper que l’affaires de 49 militaire arrêtés au Bamako prend une autre tournure. Il y a donc lieu de craindre une escalade entre les deux pays voisins de la communauté ouest africaine.
Jean Joseph Konaté (Tamani Info)