Au moins un million de personnes supplémentaires pourraient tomber dans la pauvreté en raisin des chocs climatiques au Ghana, si des mesures climatiques urgentes ne sont pas prises. Ce qui ressort du nouveau rapport national sur le climat et le développement (CCDR) de la Banque mondiale pour le Ghana.
Selon les experts les revenus pourraient diminuer jusqu’à 40 % pour les ménages pauvres d’ici 2050. Cependant appellent à poursuivre une voie de développement qui renforce la résilience au changement climatique et favorise une transition vers une croissance à faible émission de carbone grâce à une combinaison de politiques et d’investissements publics et privés.
Le développement économique et humain du Ghana est vulnérable au changement climatique. En moyenne, les inondations touchent environ 45 000 Ghanéens chaque année, et la moitié du littoral ghanéen est vulnérable à l’érosion et aux inondations en raison de l’élévation du niveau de la mer. Sans actions rapides, des températures plus élevées et un stress thermique affecteront la productivité des cultures et de la main-d’œuvre, et des précipitations plus irrégulières endommageront les bâtiments et les infrastructures. La dégradation des terres, l’insécurité de l’eau et la pollution atmosphérique locale entraveront également le capital humain et la productivité.
Ce pays d’Afrique de l’Ouest a réalisé d’importants gains de développement au cours des trois dernières décennies, mais les progrès ont ralenti. Le rapport souligne que le pays n’a pas pleinement réussi à convertir sa richesse naturelle en capital infrastructurel, humain et institutionnel suffisant pour une croissance soutenue.
Le rapport identifie six domaines prioritaires pour une voie de développement résiliente au climat et à faible émission de carbone qui favorisera une croissance plus verte, résiliente et inclusive dans le pays :
- adopter une approche intégrée de l’agriculture et de la gestion de l’environnement en encourageant la gestion intégrée du paysage, en promouvant une agriculture intelligente face au climat et en soutenant l’adaptation des communautés côtières ;
- construire des villes durables et des systèmes d’infrastructures résilients grâce à un meilleur développement urbain, à des améliorations des infrastructures et des services de mobilité résilients et à une meilleure gestion des déchets ;
- renforcer la préparation aux risques de catastrophe grâce à des systèmes d’alerte précoce, une meilleure préparation financière nationale contre les chocs climatiques et des systèmes de santé et de protection sociale adaptatifs ;
- saisir de nouvelles opportunités pour gérer les ressources forestières en tant qu’atout pour la résilience climatique, y compris pour les puits de carbone en mettant l’ accent sur l’inversion de la déforestation et la promotion d’une cuisine plus propre ;
- promouvoir une transition vers une énergie propre en développant les sources d’énergie renouvelables et en renforçant les marchés régionaux de l’énergie ; et
- moderniser les systèmes de transport, notamment en améliorant les transports publics et en mettant à jour les normes des véhicules.
Dans le contexte d’une dette élevée et de contraintes budgétaires strictes, le Ghana devra soigneusement hiérarchiser les investissements en commençant par des actions sans regret qui maximisent les avantages de la résilience à un coût abordable. Le pays devra prendre des mesures urgentes pour rétablir la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette et améliorer l’environnement des affaires afin de mobiliser des fonds auprès de diverses sources, y compris le financement privé et le financement du développement. Le rapport estime le coût de l’action climatique à environ 2 milliards de dollars par an (en valeur actuelle) jusqu’en 2050, ce qui équivaut à 2 à 3 % du PIB cumulé sur la même période.
En outre, les auteurs soulignent le rôle que le secteur financier peut jouer pour tirer parti des opportunités d’obligations vertes et bleues, d’assurance et d’autres mécanismes de protection financière qui peuvent aider à faire face aux risques climatiques et de catastrophe. Le financement concessionnel et l’aide au développement à l’étranger seront également essentiels pour soutenir les mesures de biens publics.
Pour réduire l’impact sur les pauvres, le Ghana devra se concentrer sur l’amélioration des systèmes de protection sociale réactifs et des filets de sécurité pour les groupes vulnérables, le renforcement de l’inclusion financière et le renforcement des compétences pour de nouveaux emplois et moyens de subsistance verts.
Le rapport montre que l’adoption d’une voie résiliente au changement climatique et à faible émission de carbone pourrait transformer les défis en opportunités : elle génère plus de 26 milliards de dollars de bénéfices économiques d’ici 2040.
Mimi Sanou