Dans un communiqué publié, la Coordination Nationale du Mouvement pour la Sauvegarde des Droits de l’Homme (MSDH) a déclaré que la situation des droits de l’homme au Mali, demeure préoccupante malgré la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Selon rapport publié le 06 janvier 2023, par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), « qui parle de droits de l’homme parle de justice sociale ».
D’après la MINUSMA, des efforts soutenus ont été consentis pour entretenir la dynamique générée par la signature de l’accord entre le Mali et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la prorogation de la transition. Les autorités de transition ont pris des mesures pour mettre en œuvre leur programme de réforme et les recommandations formulées lors des Assises nationales de la refondation, tenues en décembre 2021.
Malgré les efforts déployés pour faire avancer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, de nouvelles difficultés sont apparues après que les mouvements signataires ont décidé de suspendre leur participation au mécanisme de suivi de l’Accord jusqu’à la tenue d’une réunion avec l’équipe de médiation internationale, destinée à discuter de l’avenir du processus de paix. Alors que l’insécurité continue de compromettre le rétablissement de l’autorité de l’État, la mise en œuvre de la stratégie de stabilisation des régions du Centre reste essentielle pour remédier à la situation actuelle.
En dépit des défis complexes et multiformes, selon le Coordinateur du MSDH, Boubacar N’Djim, il existe quelques éclaircies dans le domaine du processus de transition, dans le renforcement des capacités des Forces de Défense et de Sécurité Maliennes, la coopération face à la lutte contre le terrorisme. Tout cela semble être dissimulé par les effets d’une fracture géopolitique mondiale dont le Mali semble être l’épicentre en Afrique de l’Ouest, une situation qui génère tensions, polarisation, défiance généralisée et malsaine entre le Mali et une certaine partie de la communauté internationale et notamment la MINUSMA.
Pour contribuer à la justice sociale, les pouvoirs publics peuvent agir sur la fiscalité et les services collectifs, mais également sur les politiques de redistribution, c’est-à-dire au travers de la protection sociale. Celle-ci couvre les individus contre les risques sociaux.
« Nous déplorons la détérioration de la situation sécuritaire du pays qui a véritablement diminué la libre circulation des personnes dans l’intérieur du pays et la création fulgurante des groupes d’auto-défense dont les missions restent floues et qui n’ont pas tendance à apaiser la situation sociale entre les ethnies d’une même communauté », a-t-il affirmé avant de poursuivre : « Aujourd’hui malheureusement encore, nous assistons à un rétrécissement des libertés individuelles, d’expression, démocratiques ».
Pour ce faire, le Coordinateur du MSDH a mis un accent sur certains cas très alarmant de détentions préventives qui leur ont été faits part, en demandant aux autorités judiciaires de penser à la situation de ces personnes en organisant des jugements dans un court délai pour la manifestation de la vérité.
Dans l’affaire Professeur Kalilou Doumbia, Colonel Kassoum Goïta, le Commissaire Principal de police Moustapha Diakité, l’Adjudant-chef Abdoulaye Ballo, l’homme d’affaires Sandi Ahmed Saloum, et le féticheur Issa Samaké dit Djoss poursuivies pour « tentative de complot contre le gouvernement » détenu depuis décembre 2021 environ 16 mois sans jugement. Les intimidations et arrestations des acteurs politiques et de ceux de la société civile ne sont pas de nature à apaiser la situation socio-politique du pays et à favoriser la cohésion sociale entre les Maliens.
Plusieurs détenus ont vu leur délai de détention préventive dépassée et sont dans une attente désespérée de leur jugement, c’est pour cela, nous exhortons encore une fois les plus hautes autorités à penser vraiment sur la situation carcérale du pays en garantissant à l’indépendance de la justice en lui fournissant les moyens adéquats pour vaincre l’impunité et l’injustice sociale. L’accès des personnes déplacées à l’emploi formel peut les empêcher d’être victimes des formes contemporaines d’esclavage.
Pour Boubacar N’Djim, une situation carcérale perplexe, le nombre de détenus a accru de 500% dans les centres de détention. « Nous sommes très satisfaits de la décision de La cour d’Assises de Kayes qui a condamné le 27 février dernier sept personnes à la peine de mort. Une autre a écopé d’une peine d’emprisonnement de cinq ans. Ces personnes sont accusées de crimes liés à la pratique de l’esclavage par ascendance dans les régions de Kayes, Kita et Nioro », a-t-il déclaré. Et de conclure à respecter les droits de l’homme ne relève pas du choix politique, mais d’une obligation juridique et morale.
M.S