Selon la dernière mise à jour économique du Burkina Faso, la croissance économique a ralenti à 2,5 % en 2022, le pays affichant le taux d’inflation le plus élevé de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), aggravant ainsi l’insécurité alimentaire.
Après une solide reprise de 6,9 % en 2021, la croissance du PIB a ralenti en 2022 à 2,5 % (correspondant à une contraction du PIB par habitant de 0,1 %), principalement en raison d’une baisse de 13,7 % de l’activité minière à la suite de fermetures de mines. L’inflation moyenne a atteint 14,1% tandis que les prix alimentaires ont augmenté en moyenne de 23,4% sur l’année.
Ce rapport fait partie de la série de publications périodiques du Groupe de la Banque mondiale mettant en évidence les tendances économiques récentes, analysant les perspectives économiques à court et moyen terme et consacrant un chapitre spécial aux questions relatives au développement du pays. L’édition d’avril 2023 portait sur le renforcement de la résilience financière aux chocs climatiques. Le rapport met également en évidence les conclusions spécifiques au Burkina Faso, qui ont été tirées du Rapport national sur le climat et le développement (CCDR) pour la région du G5 Sahel.
« Le Burkina Faso continue de faire preuve de résilience, malgré les crises sécuritaires et humanitaires qui sévissent dans le pays. Ces différentes crises sont aggravées par la vulnérabilité du pays au changement climatique », explique Maimouna Mbow Fam, responsable pays de la Banque mondiale pour le Burkina Faso. « À la lumière de ces vulnérabilités qui se chevauchent, les perspectives à moyen terme du Burkina Faso dépendront en grande partie de sa capacité à améliorer sa résilience financière à toutes sortes de chocs, y compris le changement climatique.
Le rapport note qu’une faible croissance en 2022 (en particulier dans le secteur agricole) et une inflation élevée ont entraîné une augmentation du taux de pauvreté, estimé à 5,9 points de pourcentage, et que 1,5 million de personnes supplémentaires sont tombées dans l’extrême pauvreté. Un exemple concret : la baisse des revenus des ménages pauvres qui dépendent principalement de l’agriculture est en partie attribuable à la mauvaise récolte de 2021 et aux perturbations de la campagne agricole en 2022.
Daniel Pajank et Kodzovi Abalo, économistes seniors de la Banque mondiale pour le Burkina Faso et co-auteurs du rapport, déclarent : « Dans un contexte d’insécurité persistante, d’économie vulnérable aux chocs climatiques et d’espace budgétaire limité, nous proposons des solutions à court terme. pour les politiques fiscales et sociales, en vue de renforcer le système national de protection sociale, de lutter contre l’insécurité alimentaire et de préserver la viabilité de la dette.
Les auteurs recommandent également des options politiques pour mieux gérer les impacts financiers des catastrophes. Le rapport indique donc que le gouvernement pourrait envisager de combiner les instruments de financement des risques. Deux options complémentaires sont disponibles : (i) une approche de rétention, où le gouvernement couvre les pertes dues aux catastrophes à partir des ressources fiscales ; et (ii) une approche pass-through, où le gouvernement répercute les pertes futures potentielles sur le marché de l’assurance contre une prime.
Des lueurs d’espoir méritent d’être mentionnées : la croissance devrait rebondir à 4,3 % en 2023, tirée principalement par la consommation privée et publique, les dépenses publiques restant élevées. À moyen terme, l’investissement privé devrait se redresser et s’accélérer, tandis que les secteurs primaire et tertiaire resteront les principaux moteurs de la croissance.