Achraf Hakimi occupe, depuis de nombreuses semaines, le haut de l’affiche. Ses performances sur le rectangle vert, son fair-play sur et en dehors du terrain, ne laissent aucun chroniqueur sportif indifférent. La plupart des analystes le considèrent même comme un potentiel Ballon d’Or. Ce discours a gagné en intensité dans les médias, au fil des prestations XXL de notre Achraf national. Alors, justement, quels sont les arguments qui plaident en faveur de cette candidature ?
Le Ballon d’Or de France Football a aujourd’hui 69 ans. Créé par ce magazine pour récompenser le joueur européen le plus performant, il reposait à l’origine sur le vote des correspondants de l’hebdomadaire à travers le Vieux Continent. En 1995, ce prix a pris une dimension mondiale avec l’ouverture aux joueurs originaires d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie.
Entre 1970 et 1994, France Football organisait en parallèle l’élection du Ballon d’Or africain, par le biais de ses collaborateurs sur le continent. L’unification du prix visait à réparer une injustice historique, celle qui avait privé des légendes comme Pelé ou Maradona d’un sacre. Le Libérien George Weah a été le premier lauréat de cette version élargie, devenant ainsi le seul Africain à ce jour à avoir soulevé ce trophée tant convoité. Et pourtant, des joueurs comme Didier Drogba, Samuel Eto’o ou Mohamed Salah auraient eux aussi mérité d’être couronnés.
Et si Achraf Hakimi devenait le successeur naturel de George Weah, trente ans plus tard?
Pour envisager cette hypothèse, appuyons-nous sur les critères du Ballon d’Or et examinons ensemble les cases que coche le capitaine des Lions de l’Atlas. Ce serait, au passage, la meilleure réponse à ceux qui estiment que les défenseurs seront toujours lésés dans ce type de distinctions.
Commençons, si vous le voulez bien, par les performances individuelles. Depuis juillet 2024, Achraf Hakimi est tout simplement le latéral le plus décisif au monde. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 11 buts, dont ceux inscrits en quart de finale, demi-finale et finale de la Ligue des Champions, et 15 passes décisives. Il a ainsi battu le record de contributions offensives sur une saison, détenu depuis 2011 par un certain Dani Alves.
Mais au-delà des statistiques, l’impact d’Achraf sur le jeu du PSG et de l’équipe nationale du Maroc est incontestable. Combien d’actions d’envergure partent de son couloir? Combien de fois a-t-il été à l’origine ou au cœur des offensives majeures du club parisien comme des Lions de l’Atlas?
Deuxième critère: le palmarès et les performances collectives. Avec Paris, Hakimi a tout raflé cette saison: Ligue 1, Coupe de France, Coupe de la Ligue, et surtout la Ligue des Champions (ce trophée tant convoité par les Qataris depuis leur arrivée au Parc des Princes). Jamais le jeu du PSG n’a été aussi flamboyant, et si la presse hexagonale s’est beaucoup attardée sur le rendement d’Ousmane Dembélé, elle serait bien inspirée de ne pas passer sous silence le rôle clé joué par Hakimi. Il lui a d’ailleurs offert plusieurs caviars, dont celui sur le deuxième but face au Bayern, samedi dernier.
Finaliste malheureux au Mondial des Clubs, où il a été le Parisien le plus performant, vient encore renforcer son dossier.
Troisième critère fondamental: le fair-play. Et sur ce plan, Achraf coche la case depuis longtemps. Depuis son capitanat chez les Olympiques, il donne l’exemple. Il encourage les plus jeunes, les guide, rassemble ses troupes. Par son calme et sa maîtrise, il a franchi un cap, gagnant le respect de ses partenaires, de ses adversaires, et surtout des arbitres. On se souvient d’ailleurs qu’en 2024, le Brésilien Vinícius Júnior avait vu le trophée lui échapper de peu, en partie à cause de son comportement jugé excessif sur le terrain.
Mais ces arguments, aussi solides soient-ils, pourraient ne pas suffire. Un véritable travail de lobbying s’impose, notamment auprès des votants africains. Ces derniers doivent prendre conscience de ce que Hakimi apporte à chaque apparition avec les Lions. Ils doivent réaliser qu’il est bien plus qu’un footballeur: un modèle pour toute la jeunesse africaine, engagé de surcroît pour les plus démunis dans son pays.
C’est désormais aux confrères d’assumer leurs responsabilités. À eux de se dire que cette opportunité est plus unique que rare. Que voir émerger un successeur légitime à Mister George Weah est une chance. Ce même plaidoyer devra également être présenté aux votants hispanophones et à ceux issus du Proche et Moyen-Orient.
Au Maroc, une campagne commence à prendre forme. En France, certains spécialistes ne traitent plus son nom comme une simple hypothèse. Et dans plusieurs grands médias internationaux, son cas est sérieusement défendu. Ce serait un juste retour des choses pour celui qui a redéfini les standards du poste de latéral, éclipsant les Cafu, Zanetti, Alves and co.
Rendez-vous le 22 septembre, jour du verdict final. Pour, peut-être, rendre justice à Achraf Hakimi. L’homme. Et le joueur.
Par Amine Birouk et A D
