Bamako a été l’hôte, les 10 et 11 avril 2025, d’une rencontre majeure réunissant les légitimités traditionnelles et religieuses autour de l’objectif d’abandonner les Violences Basées sur le Genre (VBG) et les pratiques néfastes.
Cette initiative a été portée par le Réseau des leaders traditionnels, communautaires et religieux pour l’abandon des violences basées sur le genre, en collaboration étroite avec le Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, et ONU Femmes, avec le soutien financier de la coopération allemande.
La cérémonie d’ouverture des travaux s’est déroulée à l’hôtel Salam de Bamako, sous la présidence de Mme la ministre Diarra Djénéba SANOGO. Étaient également présentes son homologue de la Santé et du Développement Social, Mme Assa Badiallo TOURÉ ; la représentante d’ONU-Femmes au Mali, Mme Marie Goreth NIZIGAMA ; le président du Réseau des leaders traditionnels, communautaires et religieux pour l’abandon des violences basées sur le genre, Mohamed Ben Cherif DIABATÉ ; le Chef de la coopération allemande au Mali, Paul Christoph BORNKAMM ; ainsi que des rois et reines venus de six pays : le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Cameroun, le Bénin et le Sénégal.
Pour les initiateurs de cette rencontre, les légitimités traditionnelles, les leaders communautaires et religieux représentent des forces essentielles du changement pour l’éradication des violences basées sur le genre et des pratiques néfastes.
Dans cette optique, les différents acteurs ont lancé un appel pressant aux hommes pour qu’ils deviennent des agents actifs du changement dans l’élimination des discriminations et des violences à l’égard des femmes et des filles au Mali.
« Il s’agit de construire collectivement une force d’influence émanant des gardiens des valeurs de notre société, à savoir les rois, les reines, les chefs traditionnels, les leaders communautaires et religieux en Afrique. L’objectif est de les réunir, de s’appuyer sur leur autorité et sur nos savoirs endogènes, nos valeurs ancestrales, pour vaincre les violences basées sur le genre qui affectent les femmes, les enfants, les filles, ainsi que les personnes vulnérables », a expliqué Mohamed Ben Cherif DIABATÉ.
Lors de cette tribune, des partenaires tels que la coopération allemande et ONU-FEMMES ont successivement salué l’engagement du Mali et l’implication des hommes du réseau dans la lutte contre les violences basées sur le genre.
« Je reste persuadé qu’à travers l’engagement de vous tous, en tant que leaders traditionnels et religieux, vos communautés comprendront qu’il ne s’agit aucunement d’une lutte contre les valeurs religieuses et traditionnelles sur lesquelles nos sociétés sont fondées. Au contraire, il s’agit de mettre en évidence les liens intrinsèques entre les inégalités ou les discriminations et la violence basée sur le genre », a affirmé Paul Christoph BORNKAMM, Chef de la coopération allemande.
« En tant que leaders communautaires, nous avons confiance en votre capacité à mettre fin aux violences basées sur le genre. Vous exercez une influence considérable au sein de nos communautés, car vous êtes profondément respectés et écoutés. Nous vous encourageons à utiliser cette influence pour promouvoir la tolérance, la justice, la lutte contre toute forme de violence, et en particulier celle infligée aux femmes et aux filles », a plaidé, pour sa part, Mme Marie Goreth NIZIGAMA.
Après avoir rappelé que la nouvelle Constitution du Mali de 2023, dans son article 179, consacre le rôle clé de médiateur des légitimités traditionnelles dans la gestion des affaires locales, la ministre de la Promotion de la Femme a insisté sur l’importance cruciale de leur participation, soulignant leur rôle majeur dans la sensibilisation des citoyens.
« Je sais pouvoir compter sur votre expertise pour des contributions de qualité sur la problématique des VBG et des pratiques néfastes durant ces deux jours. Vous jouez un rôle central dans le changement des normes sociétales négatives à travers le processus de construction individuelle et collective en matière de prévention et de gestion des violences au sein de nos communautés », a-t-elle encouragé.
Enfin, elle a saisi cette occasion pour inviter les légitimités à mobiliser les communautés en faveur de l’adhésion aux nouvelles taxes instaurées par les plus hautes autorités du pays, afin d’alimenter le fonds de soutien qui contribuera au bien-être collectif.
Par Abdoulaye OUATTARA
