En marge de la célébration du 60eme anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, sa représentation diplomatique au Mali a organisé respectivement deux projections de films dont la première a été 4 juin et le seconde le samedi 18 juin 2022 au Magic Cinéma. Les deux films (La Bataille d’Alger et L’Opium et le bâton) retracent l’histoire contemporaine de l’Algérie à travers la lutte héroïque et émancipatrice de ses filles et fils à aboutir à l’indépendance dans la violence et le sang.

Pour l’ambassadeur de l’Algérie au Mali El Haoues RIACHE, cette 60eme anniversaire de l’indépendance de l’Algérie sera célébré le 5 juillet prochain par le peuple algérien avec dignité et honneur. C’est à cette occasion que son Ambassade a voulu organiser une série d’activité tel que la projection de ces deux films au peuple frère du Mali car nous partageons presque une histoire commune dans la libération de nos deux peuples pour nos indépendances. Et aussi un concours a été ouvert aux enfants de la communauté algérienne établie au Mali ainsi qu’aux lycéens maliens sur l’histoire de l’Algérie ainsi que sur les relations algero-maliennes dont trois bourses d’études universitaires en Algérie comme prix aux lauréats. Et aussi une table ronde sera consacrée aux savants et érudits Algériens qui regroupera les chercheurs et universitaires de nos deux pays le 25 juin prochain au Mémorial Modibo Keïta.
Les Synopsis des deux films
La Bataille d’Alger :

le film retrace principalement l’histoire d’Ali la Pointe lors de « la bataille d’Alger », et de la lutte pour le contrôle du quartier de la Casbah à Alger, entre les militants du FLN et les parachutistes français de la 10e DP, pendant la guerre d’Algérie. Il a remporté le Lion d’or à la Mostra de Venise 1966 et il a été sélectionné comme l’un des 100 films italiens à sauver1. En 1954 à Alger, le Front de libération nationale (FLN) diffuse son premier communiqué : son but est l’indépendance nationale vis-à-vis de la France, et la restauration de l’État algérien. Ali la Pointe propose des parties de bonneteau. Repéré par la police, il s’enfuit mais se fait agresser par un passant, il réplique et se fait tabasser par le reste du groupe. Rattrapé par la police, il se fait arrêter. Emprisonné, il assiste par la fenêtre de sa cellule à l’exécution d’une peine de mort par guillotine sur un nationaliste. Le FLN le contacte. Cinq mois plus tard, il réalise une première mission pour le FLN : il tire au pistolet sur un policier. L’arme, qui lui est fournie au dernier moment, n’est pas chargée. Il s’enfuit. En rencontrant plus tard El-hadi Jaffar, un homme important au sein du FLN, il apprend que cette mission était un test pour voir s’il était un agent d’infiltration de la police. Jaffar estime que l’organisation n’est pas encore prête à tuer un policier. En avril 1956, le FLN décide de bannir l’usage et la vente des drogues dont l’alcool, la prostitution et le proxénétisme. Un homme ivre dans la rue est battu par des enfants. Ali la Pointe assassine un homme condamné à mort par le FLN. Des mariages clandestins sont organisés par le FLN. Le 20 juin 1956, une série d’attentats vise des policiers. Leurs armes sont volées. Les policiers répliquent et tirent sur des hommes armés. Les postes de police sont renforcés, des barrages filtrants sont montés par la police et des rues sont condamnées, bloquant ainsi les quartiers arabes. Des restrictions sont prises pour la vente de produits pharmaceutiques destinés à soigner des blessures par balle, les responsables d’établissement sanitaire doivent déclarer les blessés admis à la police. Le 20 juillet 1956, une nouvelle vague d’attentats fait trois morts chez les policiers. La population des quartiers européens se fait menaçante envers les Arabes. Aidé par un commissaire, un homme dépose une bombe dans la casbah, tuant plusieurs personnes. La population manifeste le lendemain, le FLN contient la manifestation. Trois femmes sont chargées de déposer des bombes. Pour sortir de la casbah sans se faire fouiller, elles s’habillent « à l’européenne ». Les bombes explosent dans deux cafés et dans une agence Air France. Le 10 janvier 1957, les paras de la 10e DP entrent dans Alger avec pour mission de lutter contre l’activité des réseaux du FLN. Leur chef, le colonel Mathieu Philippe, comme il l’explique à ses officiers dans un briefing sur la guerre antisubversive, veut démanteler l’organisation pyramidale du FLN en procédant à des arrestations et des interrogatoires, sous-entendant le recours à la torture. En prévision d’une discussion sur l’Algérie à l’ONU, le FLN organise huit jours de grève générale pour montrer le soutien dont il dispose parmi la population. La grève est massivement suivie, usant de violences, les militaires obligent une partie de la population à travailler. L’ONU refuse d’intervenir en Algérie. Les méthodes de Mathieu s’avèrent efficaces, il obtient l’identité de l’État-major du FLN, dont font partie Jaffar et Ali la Pointe. Larbi Ben M’hidi, un des fondateurs du FLN est arrêté. Il meurt dans sa cellule dans des circonstances troublantes. La torture est employée au cours d’interrogatoires : chalumeau, électricité, eau… Les attentats continuent. Les militaires remontent jusqu’à l’état-major du FLN. Pris au piège, Jaffar se rend le 24 septembre 1957. Le 8 octobre 1957, Ali la Pointe est aussi pris au piège avec d’autres combattants. Il ne se rend pas, l’armée fait exploser la cachette. Le 11 décembre 1960, après deux années de calme, la population d’Alger manifeste. Des militaires tirent sur des manifestants. L’opinion publique française est influencée par ces manifestations. Des hommes politiques français cherchent alors à redéfinir la relation de la France avec l’Algérie. Finalement, le 2 juillet 1962, l’Algérie devient indépendante.
L’Opium et bâton

À l’aube de l’indépendance de l’Algérie, on assista à l’apparition d’une littérature centrée sur la quête identitaire et la consolidation de l’unité nationale. L’Opium et le Bâton, paru en 1965, est un roman de Mouloud Mammeri sur la guerre d’Algérie vécue dans un petit village de Kabylie. Réadapté en film en 1971, il connaîtra un succès phénoménal, considéré jusqu’à présent comme étant un des meilleurs films sur la guerre d’Algérie, avec la fameuse réplique « Ya Ali mout wakef ». Nous sommes en pleine guerre de libération, dans un village de la Kabylie profonde Tala. La vie n’y est pas facile, la population vit dans des conditions catastrophiques, l’armée française avait rationné tous les produits de première nécessité tels que la farine, l’huile, les grains… « On ne peut faire qu’un repas par jour ». Les humiliations s’enchaînaient, tout était bon pour rappeler aux habitants qu’ils n’étaient que de misérables indigènes qui devaient être fidèles à la France et tourner le dos aux fellagas qui ne faisaient que les utiliser. « Les fellagas vous affament, vous ruinent, vous égorgent, vous extorquent de l’argent, vous obligent à les nourrir sans que vous ne réagissez ».
Les villageois ne peuvent rester neutres, quelle que soit la décision prise, ils seront en conflit avec l’un des partis. La plupart des habitants de Tala voulaient la libération : le jour, avec les Français ils jouaient la victime et la nuit avec les maquisards ils étaient des frères, obligés de pactiser avec l’ennemi pour rendre le travail de l’armée de libération plus facile. Malgré les différentes actions mises en œuvre par l’armée française (interrogatoires violents, abattage des oliviers qui étaient leur seule ressource ainsi que d’autres humiliations), les villageois de Tala n’ont jamais cessé de se battre, avec leurs moyens, contre le colonisateur.
Cette œuvre de Mammeri est l’une des plus réalistes sur la période de la guerre d’Algérie. Beaucoup de passages retracent avec précision les péripéties vécues par les Algériens. L’auteur utilise également de nombreux termes en arabe et en berbère afin de renforcer l’identité algérienne ; pour cela, il fut couronné du titre de grand chantre de la culture berbère.
Le roman était aussi un message fort pour décrire la réalité de la région Kabyle qui était viscéralement attachée au nationalisme algérien et au combat contre la colonisation française, pour une Algérie algérienne, unie et indivisible. Il est également important de noter le fait que chaque
personnage de ce roman représente une catégorie de personnes durant la guerre de libération, du héros au traître ce récit offre une parfaite représentation de la société de l’époque où quelle que soit la catégorie ou la classe sociale à laquelle on appartient, la France tentait d’abord d’endormir les Algériens par l’illusion de l’intégration et de l’égalité
Bokoum Abdoul Momini